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Un aperçu de la Miséricorde divine

par abs le 13 février 2011 dans Adorations, rappel

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بسم الله الرحمن الرحيم

A la fin de la Sourate Al An’âm, on peut lire le verset suivant :

مَنْ جَاءَ بِالْحَسَنَةِ فَلَهُ عَشْرُ أَمْثَالِهَا وَمَنْ جَاءَ بِالسَّيِّئَةِ فَلَا يُجْزَى إِلَّا مِثْلَهَا وَهُمْ لَا يُظْلَمُونَ

« Celui qui se présentera alors avec une bonne action en sera récompensé au décuple, tandis que celui qui se présentera avec une mauvaise action n’en sera rétribué que par un châtiment équivalent. Et aucun d’eux ne sera lésé. »

(Sourate 6 / Verset 160)

Est énoncée dans ce passage la règle générale suivant laquelle aura lieu la rétribution divine le Jour du Jugement Dernier; celle-ci s’articulera de la façon suivante :

-          celui qui se présentera avec une bonne œuvre, qui soit en rapport avec les droits du Créateur ou qui porte sur les droits des créatures, obtiendra une récompense (au moins) décuplée.

-          celui qui se présentera avec une mauvaise action s’exposera à un châtiment qui sera (au plus) équivalent à l’acte accompli.

Cette règle de la rétribution divine, qui exprime de façon magistrale la Clémence d’Allah, mais aussi Sa Justice, a été plus amplement détaillée dans un Hadith Qoudsiyy[1], cité notamment par l’Imâm Boukhâri (rahimahoullâh) et l’Imâm Mouslim (rahimahoullâh) :

إِنَّ الله كتَبَ الْحسناتِ والسَّيِّئاتِ ثُمَّ بَيَّنَ ذلك : فمَنْ همَّ بِحَسَنةٍ فَلمْ يعْمَلْهَا كتبَهَا اللَّهُ عِنْدَهُ تَبَارَكَ وَتَعَالَى عِنْدَهُ حسنةً كامِلةً وَإِنْ همَّ بهَا فَعَمِلَهَا كَتَبَهَا اللَّهُ عَشْر حَسَنَاتٍ إِلَى سَبْعِمَائِةِ ضِعْفٍ إِلَى أَضْعَافٍ كثيرةٍ ، وَإِنْ هَمَّ بِسيِّئَةِ فَلَمْ يَعْمَلْهَا كَتَبَهَا اللَّهُ عِنْدَهُ حَسَنَةً كامِلَةً ، وَإِنْ هَمَّ بِها فعَمِلهَا كَتَبَهَا اللَّهُ سَيِّئَةً وَاحِدَةً

« Certes, Allah a (fait) consigner (par l’intermédiaire des anges qui accompagnent chacun) les bonnes actions et les mauvaises »; puis il a explicité cela: « Celui qui a eu l’intention de faire une bonne action puis ne l’a pas faite, Allah –qu’Il soit béni et exalté- inscrit en sa faveur une bonne action entière auprès de Lui. Et s’il a eu l’intention de la faire puis l’a réalisée, Allah inscrit en sa faveur de dix à sept cent bonnes actions, et bien plus encore… Et s’il a eu l’intention de commettre une mauvaise action puis ne la fait pas, Allah inscrit auprès de Lui une bonne action entière. Et s’il a eu l’intention de la faire puis l’a réalisée, Allah inscrit une seule mauvaise action (contre lui). »

Ainsi, lorsque le croyant fait l’intention –qu’il s’agisse d’une résolution ferme (‘azm) ou d’une simple volonté (hamm)- d’accomplir une bonne action, et que, par la suite, il ne concrétise pas son dessein, il reçoit quand même la pleine récompense d’une œuvre pieuse. 

Il est à noter cependant que l’importance de la récompense qu’il recevra pourra être plus ou moins grande, suivant ce qui l’a conduit à ne pas accomplir réellement l’acte concerné:

-          s’il a délaissé l’action en raison d’un facteur extérieur –indépendant de sa volonté, tout en ayant au fond de lui le désir de le faire, la récompense qu’il mérite sera importante… et elle le sera encore davantage s’il éprouve en plus regret pour ne pas avoir pu réaliser l’œuvre en question et garde le désir de la réaliser quand il en sera capable.

-          s’il a délaissé l’action de son propre gré, dans ce cas la récompense qu’il méritera sera moins importante.

Par ailleurs, il convient de souligner que dans ce cas de figure (c’est-à-dire lorsqu’il y a une intention de faire le bien qui n’est pas concrétisée), la récompense obtenue sera similaire à celle qui est promise pour l’acte concerné en soi… en sachant que si l’acte avait été réellement accompli, sa récompense obtenue aurait été en réalité bien plus grande comme l’indique la suite du Hadith

وَإِنْ همَّ بهَا فَعَمِلَهَا كَتَبَهَا اللَّهُ عَشْر حَسَنَاتٍ إِلَى سَبْعِمَائِةِ ضِعْفٍ إِلَى أَضْعَافٍ كثيرةٍ

Dans le cas où le croyant concrétise par ses actes la bonne intention qu’il avait dans son cœur, sa récompense est au minimum décuplée. C’est ce qui est énoncé dans le verset cité plus haut.

Puis, la récompense peut être encore augmentée jusqu’à sept cent fois plus (que ce qui est en principe celle de l’action accomplie), et même d’avantage encore, si Allah le désire. On trouve encore une fois une confirmation de ce qu’affirme ici le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) dans le texte coranique. Allah dit, au sujet de celui qui dépense ses biens dans la voie de Dieu: « Ceux qui dépensent leur biens dans le sentier d’Allah ressemblent à un grain d’où naissent sept épis, à cent grains l’épi. Car Allah multiplie la récompense à qui Il veut et la grâce d’Allah est immense, et Il est Omniscient. » (Sourate 2 / Verset 261)

Il est à noter que la multiplication de la récompense par sept cent n’est pas spécifique aux aumônes et autres dépenses qui sont faites « fî sabîlillâh », comme l’ont pu prétendre certains. En effet, dans un Hadith rapporté par Abou Houreïra (radhia Allâhou anhou), le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) affirme clairement: « Toutes les actions de l’être humain sont multipliées: La (récompense de la) bonne œuvre est augmentée de dix à sept cent fois… »

Les oulémas affirment que l’importance de la multiplication du mérite initial pourra être motivée par des facteurs différents; celle-ci pourra notamment varier:

- en fonction de la sincérité et de la dévotion de celui qui agit; par exemple, une salât accomplie avec concentration et présence du cœur rapportera bien plus de récompenses que celle qui est faite avec un autre état d’esprit…

- en fonction de la conformité de l’acte accompli avec l’enseignement prophétique;  en effet, une salât accomplie avec le respect de tous les sounan et moutahabbât (actes recommandés) sera plus méritoire qu’une prière réalisée avec les farâïdh et wâdjibât (actes obligatoires) uniquement…

- en fonction de l’effort et le sacrifice important que requiert l’action; le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) a, dans un Hadith, évoqué le mérite exceptionnel que renferme l’accomplissement des ablutions de façon complète malgré la présence de facteurs rendant cela difficile (isbâgh oul woudhoû ‘alal makârih)

- en fonction de l’étendue des effets positifs qu’entraîne l’acte accompli; c’est notamment le cas pour les aumônes perpétuelles (sadaqah djâriya), l’enseignement de la science profitable (‘ilm nâfi’) ou l’institution d’une pratique louable et bénéfique (sounnah hassanah)

Cette première partie du Hadith met déjà clairement en valeur le caractère exceptionnel de la miséricorde divine… La suite de la Tradition confirme cela de façon encore plus remarquable:

وَإِنْ هَمَّ بِسيِّئَةِ فَلَمْ يَعْمَلْهَا كَتَبَهَا اللَّهُ عِنْدَهُ حَسَنَةً كامِلَةً

Si jamais un croyant fait seulement l’intention de commettre un péché, et que, par la suite, il ne concrétise pas sa volonté et n’accomplit pas le mal en question, dans ce cas, non seulement il n’obtiendra pas de péché mais il se verra même gratifié par Allah de la récompense entière d’une bonne action !

Il est cependant nécessaire de souligner que les oulémas considèrent de façon unanime que cette règle énoncé ne s’applique que dans la résolution ferme (‘azm) de commettre le péché n’avait pas été faite… En effet, en ce qui concerne le ‘azm de commettre un mal, selon la majorité des oulémas, la règle est différente.

Al Khattâbi (rahimahoullâh) soutient que la récompense promise dans ce Hadith pour le mal qui est délaissé concerne le cas où la réalisation du péché était possible et que, malgré cela, elle n’ait pas été concrétisée. En effet, si la personne concernée n’était pas même en mesure de commettre le péché, on ne considèrera pas qu’il y a eu délaissement du mal de sa part: elle ne méritera donc aucune récompense.

وَإِنْ هَمَّ بِها فعَمِلهَا كَتَبَهَا اللَّهُ سَيِّئَةً وَاحِدَةً

Si, finalement, la mauvaise intention est concrétisée et que le mal est accompli réellement, dans ce cas, un péché sera bien consigné: mais, précision essentielle, contrairement à ce qui se produit dans le cas d’une bonne intention concrétisée, ici, en règle générale, le péché inscrit sera unique et non pas multiplié, comme l’indique aussi le passage coranique étudié.

En considérant l’extraordinaire miséricorde divine qui s’exprime à travers ces règles de rétribution, on mesure la justesse des propos de Abdoullâh ibnou Mas’oûd (radhia Allâhou anhou):

ويلٌ لمن غلب وحْدانُه عشراته

« Malheur à celui dont les unités (c’est-à-dire les péchés consignés) surpasse les dizaines (c’est-à-dire les bonnes œuvres, dont le mérite est, au moins, systématiquement décuplé)… »

Qu’Allah nous compte parmi ceux qui se présenteront le Jour Final avec le plus dizaines et le moins d’unités. Âmîne !

Wa Allâhou A’lam !

(Source : « Tafsîr Mounîr », « Tafsîr Sa’diy », « Djâmi’ oul ‘Ouloûm wal Hikam, entre autres)

Mohammad Patel, secrétaire du Centre Islamique de la Réunion et de l’ACERFI/ Site : www.muslimfr.com


[1] Est ainsi désigné le Hadith dans lequel le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) attribue directement les propos qu’il tient à Allah; dans les autres Ahâdîth, le Messager d’Allah (sallallâhou alayhi wa sallam) ne rattache pas explicitement ce qu’il dit à Allah.

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