Récemment, la burqa, remède miracle pour conjurer la crise et faire disparaître la grippe H1N1, a fait l’objet de toutes les attentions, notamment à l’occasion d’une commission où l’on a entendu à peu près toutes les idioties et tous les stéréotypes possibles et imaginables.
A l’issue de ce procès de chasse aux sorcières, est apparue la question d’une loi pour interdire la burqa-niqab. Certains étaient pour une loi, d’autres étaient contre, et chacun cherchait à s’essuyer les pieds sur le niqab pour gagner des voix à l’approche des régionales.
Sauf que, suite à un arrêt rendu le 23 février 2010 par la Cour Européenne des Droits de l’Homme, les chances pour qu’une loi anti-burqa voit le jour se sont considérablement amoindries.
En effet, comme l’explique très bien l’article « La loi anti-burqa peut se rhabiller« , l’arrêt rendu pour une affaire liée à la Turquie a considérablement recadré les possibilités de nuisance juridique de certains qui ont un problème avec la religion (trouble de stress post-traumatique spirituel ?).
Outre le fait que j’ai été surpris de voir un arrêt rendu par la Cour Européenne à propos d’une affaire turque (je suis très mauvais en géographie), j’ai relevé deux phrases particulièrement intéressantes dans cet article.
La croyance se manifeste nécessairement dans l’espace public, car la liberté limitée à la conviction intime serait le déni de la liberté.
La Cour a démontré, et depuis longtemps (Kokkinakis c. Grèce, 25 mai 1993) que le prosélytisme de bon aloi, qui vise à promouvoir ses convictions religieuses, est inhérent à la liberté de religion, comme élément d’exercice et condition de la liberté de changer de religion. Le prosélytisme ne peut être sanctionné que s’il devient abusif.
On peut être d’accord ou pas, là n’est pas la question : ces deux phrases mettent le doigt sur des points essentiels dans le rapport européen à la religion. On peut donc comprendre la chose suivante : il n’y a pas de mal à manifester sa religion (par exemple, prier ?) dans l’espace public, et il n’y a pas non plus de mal à faire da’wah (appeler les gens à l’islam) de manière publique. Oui, mais ça, c’est la théorie.
Car dans la pratique, les forces de l’ordre évaluent souvent leur nécessité d’agir (et ainsi de contrôler les identités des gens) à travers la notion de « trouble à l’ordre public« , notion fourre-tout, laissée bien souvent à la discrétion de l’agent qui joue les sheriffs quand il voit quelque chose qui ne lui plaît pas.
Croyez-moi : c’est quelqu’un qui s’est fait contrôler ses papiers pour avoir prié à l’écart dans un hall de gare qui vous dit ça. L’agent avait invoqué à l’époque la laïcité et la séparation de la sphère publique et de la sphère privée. J’avais pu me connecter en vitesse sur internet (vive la 3G) pour vérifier les conditions de contrôle d’identité, et lui avais donné un cours devant ses collègues.
Ceci étant, restez sur vos gardes
Ne passez pas à côté de la récompense !
En effet, "celui qui indique un bien a la même récompense que celui qui l'accomplit" (Muslim)
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